Alors que nous entrons de plain-pied en 2020, s’il y a une question qui turlupine l’esprit de tout investisseur, c’est bien celle des prévisions pour cette nouvelle année. Le marché des actions en 2019 n’a pas été de tout repos pour les investisseurs. On a certes noté une clôture positive avec des records de hauteur battus, plus d’une trentaine de fois sur le marché américain notamment. Mais 2019 a également été une année durant laquelle le marché a connu quelques frayeurs.
Alors comme à l’accoutumée, la plupart des investisseurs attendent des experts des prévisions de croissance. Mais pour peu que l’on soit relativement habitué aux marchés boursiers, on sait que les décalages entre prévisions et réalisations sont monnaie courante.
On s’attendrait presque à ce que les experts consultent une espèce de boule de cristal magique pour nous assurer que tout ira bien.
Le problème des prévisions d’experts sur le marché boursier ne tient pas vraiment au fait qu’elles soient erronées (bien que ce soit souvent le cas), mais que l’avenir est incertain ; il n’y a donc aucun moyen de déterminer avec certitude ce qui se passera.
Mais bizarrement, de nombreux investisseurs ont confiance en ses prévisions et basent même leurs décisions d’investissement dessus. Cependant, avec de bons outils analytiques, il est possible d’en anticiper les grandes lignes. Vous pourrez d’ailleurs apprendre à repérer les meilleurs investissements sur le marché des actions en suivant ce lien.
Que peut-on prévoir au juste ?
En général, un marché boursier suit un cycle, mais défie les prévisions. Cependant, l’histoire peut fournir un aperçu de ce que nous pouvons attendre d’un marché au cours d’une année donnée.
Un rapide coup d’œil à l’évolution de S&P 500 du marché américain sur ces 90 dernières années démontre que le marché a été haussier environ deux tiers du temps.
La distribution était à peu près une courbe en cloche avec une asymétrie positive et une grosse queue gauche (ce qui signifie que les rendements négatifs importants se produisent plus souvent que ne le prévoirait une courbe en cloche).
Qu’est-ce que cela veut concrètement dire ?
- Au cours d’une année donnée, on peut sans trop s’avancer, s’attendre à une hausse du marché : les chances sont d’environ deux sur trois, indépendamment de ce qui s’est passé l’année précédente.
- D’un autre côté, il y a environ une chance sur trois de voir le marché s’inscrire dans une tendance baissière au cours d’une année donnée.
Ensemble, les deux points ci-dessus signifient qu’investir dans le marché boursier est comme lancer une pièce pondérée qui affiche la plupart du temps pile, mais qui aussi parfois atterrit en face. Il s’agit là de l’analyse la plus précise que l’on pourrait faire de l’évolution d’un marché en début d’année. Des prévisions plus précises que celles-ci ont relativement peu de chances d’être exactes et pourraient induire les investisseurs en erreur.
D’ailleurs, selon Warren Buffett, les prévisions de marché ne servent qu’à faire de la publicité aux diseurs de bonne aventure. Pour lui, les prévisions de marché à court terme sont du poison et doivent être gardées sous clé dans un endroit sûr, loin des enfants et aussi des adultes qui se comportent comme des enfants sur les marchés boursiers.
Des prévisions inexactes un peu trop souvent
Quoi qu’il en soit, les prévisions des experts peuvent être très proches de la réalité certaines années. Mais il est déjà arrivé (et bien souvent d’ailleurs) que plusieurs d’entre eux se plantent complètement.
Depuis 2002, les prévisions de croissance du S&P 500 n’ont en réalité été réalisées que dans une fourchette de 10% par rapport à l’augmentation réelle sur environ la moitié du temps. L’autre moitié du temps on a constaté une baisse de plus de 10%. Par ailleurs, il y a deux années (2002 et 2008) où on a noté une erreur de plus de 40% au niveau des prévisions. De plus, les prévisions étaient généralement trop optimistes, car le marché a sous-performé les augmentations de cours prévues 12 années sur 17.
Les experts ont particulièrement tort lorsque le marché est en baisse, c’est-à-dire lorsque nous en avons le plus besoin – lorsque nous pouvons agir sur des prévisions précises pour éviter des baisses importantes.
De même, une récente étude conduite sur 6 627 prévisions réalisées par 68 experts a révélé que les prévisionnistes ont eu une approche plutôt axée sur le hasard. Aussi dans l’ensemble, leurs prévisions tenaient plus du hasard qu’autre chose.
En gros, il faut retenir que les marchés boursiers et financiers par définition intègrent les jugements collectifs de plusieurs milliers de participants dans le monde. Il s’ensuit que la plupart des grands marchés sont réduits à des séries chronologiques qui présentent bon nombre des caractéristiques statistiques d’une marche aléatoire.
Et une caractéristique clé d’une marche aléatoire est l’imprévisibilité, c’est-à-dire l’impossibilité de prédire avec précision sur la base de l’histoire passée, l’évolution du cours futur.
Pourquoi souhaitons-nous tant les prévisions ?
La nature humaine est la principale raison qui explique et motive les analyses futuristes et surtout la considération de ces prédictions par les foules. L’un des principaux buts visés par ce type d’initiative étant la réduction dans une certaine mesure du niveau d’incertitude qui entoure les jours futurs. En réponse à l’incertitude, l’organisme libère du cortisol, ce qui nous fait ressentir du stress.
En revanche, la résolution de l’incertitude stimule la libération de la dopamine, qui est agréable et tient lieu de récompense pour le corps.
Bien sûr, investir dans le marché boursier implique nécessairement une dose d’incertitude. C’est pourquoi cette initiative est généralement source de stress et d’inquiétude : Rechercher l’opinion d’experts par rapport à l’évolution des marchés est un moyen de nous auto-convaincre que nous avons réduit l’incertitude. Un bon coup de dopamine en récompense.
Certains experts pensent qu’ils peuvent prédire les performances futures du marché boursier tandis que d’autres savent qu’ils ne le peuvent pas. Mais même ceux qui savent qu’ils ne peuvent pas prédire les rendements futurs ressentent le besoin de le faire puisque leurs clients s’y attendent.
Que pensent les experts de 2020 ?
Bien qu’il n’existe aucun moyen de garantir une prévision, la plupart des experts du marché de Wall Street et au-delà s’attendent à une certaine contre-performance cette année. Ou du moins, les investisseurs gagneront moins cette année, beaucoup moins probablement.
Les rendements à deux chiffres de 2019 seront difficiles à répéter ! Voilà de quoi poser les bases de presque toutes les perspectives d’investissement sur les marchés mondiaux en 2020. Malgré la guerre commerciale, les troubles politiques et plus encore, pratiquement.
Tous les principaux actifs ont affiché l’année dernière le genre de croissance auquel on assiste une fois par décennie. Même les plus optimistes savent que les chances de répéter l’exploit sont minces.
Le stratège en chef des investissements de LPL Financial, John Lynch prévoit que le S&P 500 (SPX), qui était à 3.214 au matin du mardi 31 décembre 2019, atteindra entre 3.250 et 3.300 points en 2020 soit un gain entre 0,9% et 2,5%. Pour Terry Sandven, stratège en charge des actions chez US Bank Wealth Management, il faut s’attendre à ce que l’indice clôture 2020 à 3 325 points, ce qui représenterait un gain de 3%.
Cela serait pâle par rapport à l’énorme gain de 29% enregistré par le S&P 500 en 2019.
Le cas particulier des actions à dividendes
Toutes ces prévisions ne concernent bien entendu que la capitalisation boursière hors dividende du marché des actions. Ici, il est question de la valeur d’un portefeuille uniquement en termes de cours des actions. Il s’agit là d’un des principaux inconvénients de la quête exclusive de plus-value pour un investisseur. En effet, la proportion des profits réalisables par un portefeuille est difficilement quantifiable, car sujette à la volatilité du marché.
En revanche, les dividendes constituent le retour sur investissement le plus solide qu’offre le marché des actions. Dans nombre de cas, son niveau et son évolution sont quasi indépendants des mouvements de cours au niveau de l’action correspondante.
L’autre avantage de posséder des actions à dividende dans ce cas particulier ce sont les perspectives d’investissement et de gain que cela présente.
En cas de marché haussier, vous profitez comme tout autre investisseur de l’appréciation de votre portefeuille. À l’opposé, la récession constitue une opportunité d’investissement pour racheter davantage d’actions de la compagnie afin de profiter d’une part plus importante des dividendes versés aux actionnaires.
Les entreprises ayant une véritable culture de croissance et de paiement garantissent les dividendes de leurs actionnaires, peu importe l’état général du marché.
Toute la subtilité de l’investissement sur les actions à dividende réside dans la qualité de l’analyse du profil des différentes entreprises. Un exercice relativement compliqué pour un néophyte, mais qui peut se transformer en revenus passif avec le club dividendes.
Conclusion
S’il faut retenir une seule chose des actions à dividende, c’est qu’elles représentent l’une des catégories d’actifs les moins stressantes pour un investisseur.
En effet, toute la psychose autour des prévisions annuelles sur l’évolution du marché est presque exclusivement orientée vers la capitalisation boursière et donc les éventuelles plus-values réalisables en cas de cession. Le dividende à contrario repose sur une base bien plus solide. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le portefeuille de Warren Buffet, l’une des sommités en matière d’investissement, est composé à plus de 70% d’actions à dividende.
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